Rando Camon 27 mai 2023

Camon (09) 27/05/2023. 19 randonneurs, un chien 19kms, dénivelé positif 330m.

Camon, 143 habitants, est classé parmi les plus beaux villages de France pour les vestiges de son passé médiéval et pour ses rosiers qui garnissent tout le village. En effet, « En 1995, le conseil municipal de Camon décide de planter un rosier devant chaque maison du village, soutenant ainsi une démarche lancée par quelques habitants. Depuis, la rose est devenue la fleur fétiche de Camon, qui en compte plus de 150 variétés. Une roseraie est venue compléter le jardin du village en 2010, au pied du viaduc, sur les bords de l'Hers. Et bien sûr, la commune célèbre ses roses, le 3ème week-end de mai, autour d'une grande foire et de concerts dans tout le village ».

Il est 10h10, et, pour honorer cette situation, nous commençons la randonnée par une visite à travers le village qui nous fait apprécier les variétés de roses évoquées ci-dessus ainsi que, par endroits, leur embaumant parfum. C’est l’occasion aussi de passer devant l’Eglise, autrefois abbatiale, restaurée au XVIè siècle, qui renferme un patrimoine ecclésiastique et historique très riche, et comporte un clocher en forme de tour carrée, auquel on accède après 118 marches pour voir 4 cloches datant des XVIè, XVIIè, et XIXè siècles. L’occasion encore de nous arrêter devant l’abbaye-château, à l’origine de la fondation du village, devenue aujourd’hui propriété privée, restaurant et chambre d’hôte. Poursuivant notre visite par la « place du poids public », nous passons devant « La Maison haute », « ancienne tour d’angle des remparts construite au début du XVIè siècle, transformée en demeure seigneuriale au début du XVIIè siècle, et qui fut probablement le lieu qui servait à la collecte des impôts et taxes » ! Evocateur pour nous, n’est-ce pas ?

Par ailleurs, « le nom du village de Camon viendrait du latin cambo dunum qui signifierait la forteresse du méandre. En effet le village fortifié s’est développé sur une boucle formée par la rivière de l’Hers. La légende raconte que ce serait Charlemagne qui de retour d’Espagne en 778, aurait ordonné la construction d’un monastère et d’une modeste église. Quoiqu’il en soit, les textes attestent que l’abbaye existait déjà au Xème siècle et qu’elle était placée sous l’autorité de la puissante abbaye audoise de Lagrasse ». Enfin, notons que Camon fait partie des Pyrénées cathares.

Il est 10h30 et un panneau situé à l’extrémité du village nous invite à prendre « La voie verte », ancienne voie de chemin de fer reconvertie en chemin de promenade, comme en maints endroits. Nous passons devant l’ancienne maison du garde barrière. Des chiens saluent notre passage. Puis nous empruntons un tunnel plutôt long qui nous apporte sa fraîcheur humide tranchant avec la chaleur qui monte à l’extérieur. En effet le soleil nous accompagne depuis notre départ et il ne cessera de darder ses rayons sur nos pauvres corps toute la journée, nonobstant un petit affaiblissement de sa part en fin de randonnée.

Vers 10h50, nous sortons du tunnel et nous quittons la voie verte pour cheminer sur une route bitumée plus ou moins ombragée. Vers 11h15 nous prenons le temps d’une petite pause avant de bifurquer dans une forêt qui devait nous offrir un tracé remarquable selon les prévisions GPS, mais qui nous a fait pratiquer le jeu de la devinette pour en découvrir le tracé réel caché sous les broussailles. La sagacité de nos guides (Denis, avec l’aide de Philippe, car Michèle, notre co-guide, épouse de Denis est empêchée ce jour, comme d’ailleurs Patrick et Nicole, GO habituels) l’a néanmoins emporté sur la négligence des réalisateurs de sentiers. Alors, nous avons grimpé à travers lesdites broussailles, franchissant au passage quelques clôtures, pour aboutir, après environ 900m de crapahutage, au sommet de cette petite colline arborée, sur une voie plus large qui nous mènera peu après à un croisement routier.

Il est 12h15. Après une nouvelle petite pause, nous prenons la route bitumée qui nous offre une belle vue sur le village de Belloc, vers lequel nous nous dirigeons. Nous y parvenons à 12h30, et comme il nous offre un lieu de pique-nique arboré et garni d’une belle herbe verte à l’ombre, nous en profitons pour y faire notre lieu de restauration. Nous avons parcouru (seulement, dirais-je) 6km250, soit à peu près le tiers du parcours.

Vers 13h20, nous nous remettons en route. Nous remontons par le village pour prendre sur notre droite le « chemin de la Jasse ». Nous passons devant un calvaire puis nous bifurquons vers la campagne. Nous apercevons les montagnes au loin. Des vaches paissent tranquillement dans un sous-bois en bordure de route : elles semblent admirer notre train d’enfer (car il fait chaud !).

A 13h44, nous abordons le hameau de « Bente Farine », (commune de Sait-Quentin-La-Tour) à l’entrée duquel un panneau nous recommande de ne pas dépasser les 30km à l’heure : nous nous exécutons aussitôt ! Le nom de ce hameau nous rappelle que « dès le XVIe siècle, un moulin à farine est attesté sur la rivière du Countirou qui traverse Saint Quentin. À la fin du XIXe siècle, le village compte trois moulins à farine, alimentés par le Countirou ».

A14h, nous sommes devant le Castrum de Queille et la chapelle Saint-Sylvain. « Le castrum est cité dans les textes dès 1002. Il devient une étape indispensable sur la route de Montségur du fait de la proximité de ses seigneurs avec le catharisme ». Nous franchissons le Countérou à 14h06 et nous faisons une petite pause en bord de rivière là où percent dans la végétation les vestiges d’une « forge à la catalane », créée au XVIIè siècle. Le caractère exceptionnel de ce site tient « à ce qu’il n’a pas été réutilisé pour une autre activité et qu’il est resté, hormis les outrages du temps, dans son état d’origine. Une forge à la catalane, facile et économique à construire et à réparer n’est pas un archaïsme, mais bien une solution adaptée aux pays de montagne. Elle produit du fer à partir du minerai, selon un procédé de « réduction directe » qui augmente les rendements, la qualité du métal et limite la consommation de bois, contrairement aux hauts fourneaux du XIXè siècle qui procèdent par réduction indirecte ». Après ces observations, nous repartons sur la route qui monte de nouveau. Au bout de cette route, 20mn plus tard, nous parvenons à une intersection où nous nous arrêtons une nouvelle fois. Nous avons fait 10kms.

1/4d’heure plus tard, nous reprenons une route goudronnée d’où nous apercevons sur sa colline « La Tour de Saint-Quentin (propriété privée) ». Nous ne la visiterons pas, mais nous savons ceci : « elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1944. Son donjon central, de plan rectangulaire, est entouré d’une enceinte carrée dont les angles nord et sud sont occupés par des tours carrées. Si sa première mention connue remonte à 1331, plusieurs éléments architecturaux sont à rattacher à des époques antérieures ».

A 14h51, nous sommes à un croisement indiquant, sur la droite, direction « Bordeblanche « et sentier 10 vers Lagarde ». Nous délaissons donc la route qui nous aurait emmenés jusqu’au village de Saint-Quentin, destination proche qui ne sera prise que par deux randonneuses, en accord avec le groupe, en vue d’un peu de repos.

Vers 15h, nous retrouvons des sentiers de terre, des clôtures à déposer et reposer, des passages hautement herbeux, puis un chemin en sous-bois resté fortement humide, et donc boueux et glissant, jusqu’aux abords du château de Sibra où une petite pause, à 15h27, nous permet d’admirer des têtards dans une flaque d’eau, avant de longer d’un côté le mur de la propriété et de l’autre un vaste champ de blé, avec tout au bout, l’entrée du château sur la gauche et la rivière sur notre droite. Ce château du XVè siècle « sera fortement remanié au XIXème siècle pour lui donner son allure actuelle. Le château ainsi que son parc abritant des essences rares sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 2004 ».

Nous prenons à gauche pour passer devant le château, puis à droite pour reprendre le tracé le long d’un mur, avant de nous retrouver encore dans des champs d’herbe haute. Après quoi un chemin nous amène jusqu’à un croisement routier.

Il est 15h52. Nous traversons la grande route pour prendre celle, montante, qui nous mène au village de Lagarde où nous arrivons 5mn plus tard. Ce village est une «  ancienne bastide fondée au début du XIVème siècle par le seigneur de Mirepoix. Dès lors, la communauté d’habitants est placée sous la protection du château, aujourd’hui en ruines. Aux XIXème et XXème siècles, l’industrie textile est une activité importante. Avec au maximum 720 habitants en 1836, la population de Lagarde décline sous l’effet non seulement de l’exode rural mais aussi des crises industrielles et économiques. Le village compte aujourd’hui 204 habitants. Idéalement situé, au cœur d’une région riche de ses paysages et de son histoire, il attire de nouvelles familles en quête de calme et de nature. »

A 16h16, nous sommes sur la voie verte. Nous avons parcouru 15,5kms, il nous reste donc 3km500 à effectuer, sur du plat, mais encore sous le soleil, bien que quelques nuages gris s’interposent entre le bleu du ciel et nos têtes.

A 17h, nous voici de retour à Camon, après une randonnée de 19kms, comportant quelques montées et autres terrains herbeux ou boueux, un peu éprouvants en raison d’une chaleur constante qui nous aura fait mériter le pot de débriefing sur la terrasse de ce sympathique café installé au bord de l’Hers.

C’est donc un peu reposés et le gosier rafraîchi que nous repartons sur Toulouse, vers 17h45, les randonneuses qui nous avaient quittés à Saint-Quentin ayant été « récupérées » par un aimable randonneur, mari de l’une d’elles.

Enfin, pour tenter d’apporter une sorte de supplément d’âme à l’attrait de Camon, « le village aux 400 rosiers », je me permets de vous remémorer, dans la langue de l’époque, ce fameux poème de Ronsard que vous avez sûrement appris dans votre jeunesse.